Florian FRITSCH

[superlent]

Peu de gens connaissent ce joueur, un allemand, qui a été le partenaire de double de Martin Kaymer en équipe nationale dans les rangs amateurs. Il a 25 ans, est devenu pro en 2009, et se débrouille plutôt bien sur les tournois auquel il participe (11 cuts/14 en 2009). Il a en décembre gagné sa place sur le tour européen à la Q-school, en terminant 6e.
Cette semaine il vient de gagner le El Valle Open à Murcia, en Espagne. C'est un tournoi du Hi5 pro tour, un tour de 4e division européenne dont le principe est que la dotation vient des droits d'engagement des joueurs (5000€ de gains pour le premier), rendu célèbre en France pour avoir été le lieu de la première victoire pro de Wattel.

Mais vous me direz, que fait un joueur du circuit européen au milieu des 3e couteaux du golf pro ?
Et bien Florian Fritsch a un petit problème, il n'aime pas l'avion. Pas du tout. Au point qu'en 2010 il n'a pas voulu jouer pendant 5 mois et qu'il n'a participé qu'à 9 tournois, ceux auxquels il pouvait se rendre en voiture, avant de se lancer dans la Q-school. Et cette phobie ne se calme pas. Cette année, au moment de partir en Afrique du Sud, il du faire demi-tour devant la porte d'embarquement de l'avion, et il n'a pas réussi à acheter de billets pour la tournée au moyen orient. Ce qui fait que sa catégorie 11, il ne peut pas s'en servir pour le moment. Il espère pouvoir jouer en Sicile fin mars. En y allant en voiture et par le ferry.

[surderien]

Ce joueur aurait_il un bénéfice à maintenir cette phobie de l'avion ? Je m'interroge ?
Des moyens pour venir à bout des phobies existent et donnent dans la plupart des cas d'excellents résultats .Je ne fais pas un scoop en disant cela , hein ! Surprenant cette histoire , finalement .

[superlent]

S'il y a un bénéfice, je ne le devine pas. Il a quand même abandonné le golf au début de 2010 en raison de cette phobie (il avait pris un poste de manager de son club de golf d'origine), avant de rejouer en compétition en mai. Ce type de pathologie ne donne pas droit à une "medical extension" (ne sont couvertes par les medical extension que la pathologies physiques).
Sur son blog et au travers de divers articles, on apprend qu'il a essayé plusieurs fois d'être traité de cette névrose qui le suit depuis plusieurs années en s'aggravant. Les phobies sociales sont souvent efficacement contrôlées par des thérapies cognitivo-comportementales, mais il existe parfois des prises en charge dont les résultats se font attendre ou qui échouent, comme toute thérapeutique. C'est manifestement le cas ici

[surderien]

En effet la TCC est un moyen pertinent . Il y en a d'autres . Toutefois , pour les cas purement psychologiques , même ayant des répercutions physiologiques ( troubles psychosomatiques ) : il n'existe aucune recette établie ! Et croyez-moi , ce n'est pas faute d'en avoir cherché ; tant chez des confrères qu'à travers ma propre expérience , je n'ai jamais pu trouver , pour deux cas qui semblaient similaires , une solution ou un processus d'accompagnement ayant une racine commune...Donc : à chaque personne sa séance personnelle .Finalement , c'est comme le golf à chacun son swing

[edouardk]

S'il n'aime pas l'avion, qu'il y aille en hélico Plus sérieusement, il devrait se sédater avant de prendre l'avion, ça irait beaucoup mieux !

[superlent]

Les anxiolytiques comme moyen de faire face à une phobie ne sont pas une solution viable pour plusieurs raisons:
premièrement la majorité de ces produits nécessitent des doses importantes pour contrer une attaque de panique comme on peut en constater chez les phobiques en crise, ces doses entrainent une somnolence non négligeable qui peut être cause d'un refus d'embarquement de la part des personnels de bord, et l'élimination de ces doses est rarement compatible avec l'exécution d'une activité demandant une forte implication dans les 24 heures. Un joueur du Tour Européen voyage le lundi, pour reconnaitre le parcours dès le mardi (ce qui demande une concentration forte) avant le pro-am du mercredi et la compétition du jeudi au dimanche.
Deuxièmement ces produits entrainent vite des dépendances avec un manque qui va se révéler tout d'abord à chaque confrontation suivante (voir la porte d'embarquement va entrainer un syndrome de manque au même titre que celui qui vient de stopper de fumer peut ressentir un manque à la vue d'un fumeur devant lui ou quand il est confronté à un rituel de consommation antérieur, la fin d'un repas copieux par exemple), puis assez vite de manière plus permanente (le patient à chaque situation anxiogène aura besoin du soutien chimique pour y faire face)
Troisièmement ces substances entrainent une baisse des performances physiques et mentales discrètes mais réelles, ce qui les rend nuisibles pour un sportif de haut niveau.
Quatrièmement elles ne feront qu'atténuer un symptôme, et ne permettront pas de se débarrasser du problème; fermer un volet devant une fenêtre à la vitre brisée permet d'empêcher la pluie de rentrer, mais ça ne réparera jamais le carreau.

Un anxiolytique peut permettre à certaines personnes qui doivent prendre exceptionnellement un avion de surmonter leurs craintes, mais l'efficacité en est limitée à celles qui n'ont pas de phobie vraie, et qui souvent arrivent à surmonter leur anxiété par des explications sur les risques objectifs et des réponses à leurs interrogations concrètes (ce que proposent les stages organisés par les compagnies aériennes pour les anxieux).

Chez Florian Fritsch, il s'agit d'attaques de panique, qui entrainent une incapacité physique à accomplir ce geste, et qui évoluent depuis plus de 5 ans malgré une psychothérapie comportementale et une analyse sérieuse (le jeune homme vient d'un milieu non dénué de ressources ni de connaissances, et est suivi de près par sa fédération). Le retentissement sur sa vie personnelle en est lourd puisqu'il a abouti déjà à une suspension de sa carrière.

[PoussMouss]

Je connais le DTN d'une fédération qui est dans le même cas. Sachant qu'en plus il ne parle pas anglais....

Le deal est assez simple pour ce jeune joueur : vaincre sa phobie ou abandonner le projet d'une carrière pro.

[Biffy]

Chez Air France, ils font des stages pour calmer cette phobie. Une amie l'a fait et prend l'avion sans problème maintenant. Tu as même le droit à un tour dans le cockpit durant le vol.
Après c'est peut être pas suffisant pour des personnes très "malades" comme semble l'être ce pro.

[edouardk]

Il y a une grosse différence entre "peur" de l'avion et impossibilité physique de prendre l'avion. Certaines personnes ont des préjugés ou des idées toutes faites sur le transport aérien, et un petit stage de mise au point où on leur explique en détail la sécurité dans les avions suffit généralement à les "soigner". D'autres sont plus gravement atteints et ne sont pas sensibles à ces essais de rationalisation, pour eux la seule solution reste les médicaments avant et pendant le vol. Enfin, très rarement, ce qui semble être le cas pour ce jeune homme puisque je suppose qu'il a du voir un paquet de médecins pour améliorer sa condition vu les enjeux, il n'y a vraiment rien à faire C'est un peu comme les TOC à une moindre échelle: ça parait ahurissant vu de l'extérieur et tu te dis qu'il le fait "exprès", mais quand tu vois quelqu'un pourtant parfaitement normal 5mn avant mais en pleine crise de TOC, tu comprends que ce n'est pas du cinéma.

[vpl]

Bon, pour l'open de France il est venu en bagnole, et pan -2 au trou n°2 (on verra si il tient le rythme sur 18 trous )