Day 1 : Royal County Down
Après une journée de visite à Belfast, nous prenons la route du sud pendant une heure pour entamer notre périple golfique. Histoire de faire les choses bien, nous commençons immédiatement par le dessert : le très prestigieux Royal County Down ! Le très sérieux Golf Digest le classe meilleur parcours du monde en dehors des USA, et il est systématiquement dans le top5 de tous les classements ! Nous aurions bien aimé nous habituer un peu aux particularités du jeu sur les links avant de nous attaquer à ce monstre, mais nous avons fait selon leurs maigres disponibilités en cette période chargée. A notre arrivée, le ciel est très menaçant et le vent venant de la mer d’Irlande souffle fort, welcome to Northern Ireland ! Un mur des vestiaires est couvert de photos encadrées montrant les plus grands golfeurs en action sur le parcours, ils y sont tous venus : Palmer, Nicklaus, Watson, Player, Woods, Singh, Els, Faldo, Ballesteros, etc ! Du lourd, du très lourd !! Aussi renommé soit l’endroit, il faut bien avouer que l’absence de driving range est une peu dommageable. On s’échauffe au mieux, répétons nos gammes de petits jeu et putting tandis la pluie fait son apparition. C’est sous des trombes d’eau et un vent d’une rare violence que nous commençons notre parcours. Nous sommes accompagnés d’un américain et sa fille Taylor (index 1 !), qui a participé sans succès, plus tôt dans la semaine, aux qualifications du British Amateur. Quand je demande à mon caddie comment il qualifierait les conditions météorologiques de la journée sur une échelle de 10, il me répond 9, car le vent pourrait souffler plus fort ! Nous voilà mis au parfum !! Il ne faut pas se voiler la face, si le parcours est magnifique, enfin pour ce qu’on peut en apprécier, les conditions sont épouvantables ! Le vent souffle si violemment qu’il ne faut même pas espérer pouvoir se protéger sous un parapluie, nous sommes donc complètement trempés dès le 2-3ème trou … Inutile d’espérer produire du jeu potable dans ces conditions, nous faisons au mieux, mais voilà quoi… Ma femme rend les armes rapidement, de même que l’américain. Il ne reste que Taylor et moi à nous battre tant bien (Taylor) que mal (moi) contre les éléments. Arrivés au terme de l’aller, la question ne se pose malheureusement pas : basta ! Je ne me souviens pas avoir déjà plongé tout habillé dans de l’eau, mais au moins maintenant, je sais ce que ça veut dire ! Inutile de préciser que je suis frustré à mort, car en dehors de l’aspect purement financier (€205 pour 9 trous dans ces conditions…), je me réjouissais tellement de jouer ce chef d’œuvre centenaire depuis des mois. Mais voilà, tout est tombé à l’eau…
Day 2 : Ardglass
Le soleil est de retour ! Rongé par la frustration, je ne peux me résigner à quitter la région sans avoir vraiment joué le Royal County Down. Donc avant notre parcours du jour, je contacte à tout hasard le club pour un éventuel départ libre le lendemain, journée initialement prévu pour faire la route vers la côte nord et visiter cette région. Et heureuse surprise (peut être aidée par le fait d’avoir raconté ma mésaventure de la veille), on me dégotte un départ à un horaire habituellement réservé aux membres ! C’est donc l’esprit léger que nous prenons la courte route pour Ardglass, un des petits trésors cachés de l’Ulster. Dès le premier tee, au pied du château du 13ème siècle accueillant le clubhouse, on doit driver par-dessus la Mer du Nord pour aller chercher, au deuxième coup, un green minuscule green perché sur les falaises. Neuf des treize premiers trous longent la mer, la plupart du temps sur d’impressionnantes falaises, l’enchaînement du 1 au 6 est d’ailleurs un des plus beaux qu’il m’ait été donné de jouer ! L’endroit est magnifique, dommage que mon jeu ne suive pas ce jour là, peut être le fait de jouer exceptionnellement des départs arrières (5725 mètres « seulement »), trouvant les « jaunes » et ses 5320 mètres (Par 70) trop courts à mon goût. Prétention masculine quand tu nous tiens… Par contre, les trous à l’intérieur des terres au retour ne tiennent malheureusement pas tous la comparaison, ce qui atténue un petit peu l’appréciation de l’ensemble. Mais à €45 le greenfee, Ardglass est vraiment un rapport qualité-prix royal !
Trou 1
Trou 11
Day 3 : Royal County Down
L’heure de la revanche a sonné ! Enfin pour moi seulement. Ma femme ayant vu à quoi s’attendre, elle préfère passer son tour. Je ne peux pas lui en vouloir, car avec une longueur de 5711 mètres des rouges (Par 76 – Slope 148) et de nombreux (très) longs carrys, il faut bien avouer que Old Tom Morris n’avait guère songé aux femmes en dessinant son chef d’œuvre en 1889. Il fait beau, la brise est modérée, la journée s’annonce radieuse et elle le sera. Elle commence déjà par un green fee gratuit, pour « compenser » la tempête de l’avant-veille, geste de classe hautement apprécié ! Après avoir retrouvé le même caddie et mes trois collègues de jeu, nous pouvons enfin commencer les choses sérieuses ! L’aller serpente dans les hautes dunes longeant la Dundrum Bay. L’assistance du caddie est vraiment inestimable pour tenter d’éviter les nombreux pièges (souvent cachés) mais chaque erreur se paie cash ! Car à l’instar de la plupart des links britanniques, la moindre visite de bunker est synonyme de coup perdu. Et un passage par le rough n’est guère moins pénalisant ! Sur un parcours affichant 6100 mètres (Par 71) des « jaunes », ça peut vite coûter cher ! L’aller est vraiment exceptionnel, et avec un jeu en place, c’est un vrai régal. La vue depuis le tee du 9 avec le club house en contrebas et les Mourne Mountains en arrière-plan est vraiment unique. Le retour est peut être un peu moins flamboyant à mes yeux, avec quelques trous un peu « faibles ». Globalement, c’est un parcours très exigeant où seuls les bas index peuvent espérer s’en sortir plus ou moins indemnes, mais il n’empêche que la qualité et la beauté brute du parcours en font vraiment un endroit exceptionnel !
Trou 2
Trou 9
Day 4 : Portstewart
Après de belles visites le long de la Causeway Coast (ce qui ne sera pas sans conséquence plus tard), nous nous attaquons en fin de journée à l’un des trois parcours de Portstewart, le Strand Course, dauphin officieux des deux monstres sacrés du golf nord-irlandais que sont County Down et Portrush. Contrairement aux autres parcours joués durant ce séjour, datant tous du 19ème siècle, la configuration actuelle du Strand est récente et consiste en un mélange de vieux trous et d’autres construits dans les années 1990. L’aller est vraiment spectaculaire, avec ses fairways serpentant au cœur de très hautes dunes. On a parfois l’impression de jouer dans une immense piste de bobsleigh ! Mais avec plus de 6000 mètres des « jaunes », il est préférable de placer ses mises en jeu sur la piste ! Et c’est exactement ce que je ne vais pas faire, arrosant aux quatre coins du parcours, m’épuisant à sortir tant bien que mal du rough épais (quand on retrouve notre balle…) qui longe les fairways. Le retour, composé majoritairement de nouveaux trous, est par contre très différent, beaucoup moins accidenté et moins protégé du vent qui s’est levé entretemps. Il ressemble plus à un links standard mais peut paraître presque un peu fade par rapport à l’aller. C’est d’ailleurs à ce moment-là que les choses vont se gâter. A cause du rythme de jeu fortement ralenti par les parties devant nous, la brise marine et la fatigue accumulée avec les kilomètres de visites du matin (est-ce vraiment judicieux de marcher l’équivalant d’un parcours avant de jouer ??), je vais littéralement exploser en vol et vendanger les derniers trous ! C’est peu faire honneur à la qualité du tracé du jour mais malgré la splendeur de l’aller, et au risque d’avoir un avis faussé par la fatigue, c’est l’étape la moins appréciée (notez la subtilité du jugement) du séjour. Mais il n’en demeure pas moins une valeur sûre (même à €90 le greenfee) et je recommande tout de même une visite à Portstewart.
Trou 2
Trou 4
Day 5 – Royal Portrush
Bienvenue chez deux vainqueurs de Majeurs, Graeme McDowell et Darren Clarke, membres du Royal Portrush Golf Club ! A l’instar du Royal County Down, le Dunluce Course de Portrush fait partie du gotha mondial, Golf Digest le classant 4ème meilleur parcours du monde en dehors des USA, diverses autres éditions le plaçant systématiquement dans le top15 mondial ! Donc vous l’aurez aisément compris, le droit de jeu n’y est pas donné, €155, c’est malheureusement le prix à payer pour jouer dans la cour des (très) grands … A noter que le British Open 1951 y a été disputé, sa seule escapade en dehors d’Ecosse et d’Angleterre en plus de 150 ans d’existence. Histoire de bien faire les choses, je loue à nouveau les services d’un caddie, Neal, qui va s’avérer être une perle : hyper pro, connaissant chaque recoin du parcours, sympa, drôle, passionné, il va tout mettre en œuvre pour que la partie reste un souvenir mémorable. Le parcours est superbe, j’ai immédiatement une véritable affection pour son tracé. Le trou 5 est un pur chef d’œuvre, un par 4 de 345 mètres, qui après un dogleg droit, déroule son fairway vers un green surplombant les falaises. Je le place haut la main dans mon parcours idéal ! Nous jouons bien, les trous sont superbes, c’est un pur plaisir golfique. Au départ du 14, un « modeste » par 3 de 185 mètres avec le vent de face, Nous nous prenons dix minutes d’une tempête venue d’on ne sait où (c’est aussi ça l’Irlande…) et qui s’estompe sitôt le départ du 15 atteint (c’est aussi ça l’Irlande … aussi). Le nom du 14 ? « Calamity », ça ne s’invente pas … Le trou 17 est également spectaculaire, avec un bunker gigantesque barrant la partie droite du fairway. Je regrette presque de l’avoir évité, ça aurait fait une jolie photo de moi au fond de ce gouffre de sable ! Au terme de quatre heures et des poussières de jeu, nous avons les deux le sourire jusqu’aux oreilles. Tout à été parfait sur ce parcours qui rejoint aisément mon top5 personnel. Conséquence de cette joie, la carte de crédit chauffe méchamment lors de notre passage au pro shop. But who cares ?? Il n’y a pas de mal à se faire du bien.
Trou 5
Trou 17
Day 6 – Malone
Dès le réveil, nous ne nous faisons guère d’illusion. Il a plu toute la nuit et c’est toujours le déluge qui s’abat sur Belfast. Au niveau pluie, nous avons assez donné à County Down, nous décidons de manière raisonnable de faire l’impasse sur la partie du jour. Malone est sans doute un très beau parcours, mais il attendra une prochaine visite pour voir ça de visu. La journée est donc consacrée à la visite de Belfast.
Day 7 – County Louth
La dernière étape de notre magnifique semaine se termine de l’autre côté de la «frontière », en République d’Irlande. County Louth (également appelé Baltray) est un parcours un peu perdu dans les dunes, non loin de Drogheda, au nord-est du pays. Il est souvent considéré comme le trésor caché du golf irlandais, tapi dans l’ombre des monstres sacrés que sont Portmarnock ou Ballybunion. L’aller sillonne la plaine protégée par les hautes dunes bordant la mer. Mais c’est quand on s’engouffre dans ces dernières, au retour, que le parcours prend une dimension supplémentaire. Un peu comme a Portstewart, nous avons parfois l’impression de jouer sur une piste de bobsleigh. Le parcours est franc, les dangers sont visibles, ce qui rend l’utilité de mon caddie plus limitée par rapport à Portrush ou County Down. Affichant une longueur de 6138 mètres des « jaunes », le challenge est de taille. C’est simplement le plus long parcours qu’il m’ait été donné d’affronter ! En dehors de deux courts par 4 et des quatre par 3 de longueur raisonnable, les trous sont vraiment longs. Sans driver, banni depuis des mois, le combat est presque inégal : huit par 4 de plus de 365 mètres, avec un monstre, le 11, mesurant 424 mètres ! Les par 5 ne sont pas en reste avec deux beaux bébés de 488 et 495 mètres. Et pourtant, mon jeu est en place, et je rends la meilleur carte du séjour en +16, avec au passage le plus long birdie (sur un par 4) de ma vie au 13 et ses 373 mètres. On ressort de notre partie enchanté par le parcours, mais il y a tout de même un mais. Si je n’ai guère tiqué sur les divers greenfees payés précédemment, les €130 euros déboursés me semblent sur le coup assez surfaits.
Trou 13
Trou 15
Vous aurez peut être remarqué que j’ai été assez radin en commentaires (positifs comme négatifs) sur l’entretien et l’état des divers parcours joués. Ce n’est pas un oubli, mais pour éviter de toujours répéter la même chose, j’ai tout concentré ici comme conclusion. Car c’est très simple, tout les endroits que nous avons visités étaient irréprochables ! Accueil chaleureux, départs plats et nets, fairways ras et roulants, greens rapides et immaculés, nous n’avons pas rencontrés la moindre fausse note sur le sujet ! Alors oui, les parcours que nous avons joués sont globalement assez chers et ne sont peut être pas à la portée de toutes les bourses, mais l’expérience de ces fairways centenaires en vaut vraiment la peine.
Pour toutes les photos des parcours, le lien est dans ma signature. Sinon croyez-moi ou pas, mais nous avons même eu le temps de visiter un peu le pays ! Histoire de compléter l’aspect golfique, voilà nos photos de visites : https://picasaweb.google.com/1066374415 ... reland2011
Vous en conviendrez, l’Irlande du Nord est vraiment un pays à visiter !