Suite à la sollicitation d’Alain, j’ai eu envie de vous pondre un petit sujet abordant le mental.
En préambule, je tiens à préciser que je ne chercherai en aucun cas à donner le moindre conseil technique (se référer à mon index), mais plutôt à offrir une réflexion d’ordre psychologique pouvant peut-être aider dans l’approche de certaines situations. Il n’y a pas de vérité absolue en psychologie et pour réellement faire progresser une personne dans ce domaine il faut aborder son cas en particulier.
Depuis ces quelques années maintenant où j’ai découvert le golf, j’ai pu réaliser à quel point ce sport est complexe. Il l’est avant tout au niveau technique. Il existe une multitude de situations, auxquelles s’ajoutent une multitude de clubs, auxquels s’ajoutent une multitude de gestes à réaliser.
Voilà déjà de quoi occuper fortement notre néocortex (se référer au sujet sur le cerveau d’Alain), mais à ces paramètres d’ordre technique, s’ajoutent aussi des paramètres d’ordre psychologique et émotionnel. Dans quelle dynamique personnelle suis-je ? Quel a été mon coup précédent ? Qu’est-ce que j’espère réaliser sur cette partie ? Est-ce que mon partenaire me tape sur le système ? Qui suis-je ? Où vais-je ? Dans quelle étagère ? Le golf est donc aussi d’une grande complexité psychologique et il mobilise aussi fortement notre cerveau limbique (celui des émotions et sensations, encore une fois se référer au sujet sur le cerveau d’Alain).
Pour en revenir au sujet de ce post, j’aimerais aborder une notion assez simple, certainement familière à tout le monde :

Si je pose la question « que voyez-vous ? » certaines personnes me répondront un verre à moitié vide, d’autres un verre à moitié plein. Tout le monde aura raison sans contestation possible. Mais si je demande à chacun d’argumenter sa réponse, nous pourrons nous apercevoir que celle-ci est fortement conditionnée par l’état émotionnel, et par la référence à des expériences similaires.
Les réponses correspondant à un verre à moitié vide sont plutôt dans une dynamique psychologique négative. Elles évoquent le manque, l’absence, la crainte de la frustration de ne pas en avoir assez.
Les réponses correspondant à un verre à moitié plein sont plutôt dans une dynamique positive. Elles renvoient au fait que même si tout n’est pas parfait (je préfère avoir mon verre complètement plein), il y en a quand même dedans et je vais pouvoir l’utiliser.
Outre le fait que vous pouvez mettre ce que vous voulez dans votre verre, ce petit exemple très simpliste n’a pour but que d’imager qu’une même situation peut-être vue et vécue de plusieurs manières différentes. Et selon les jours nous ne la verrons pas de la même manière.
Avoir conscience de ces différences de point de vue sur une même situation permet alors de pouvoir « choisir » celui qui nous permet d’aborder cette situation de la meilleure des manières possibles. En thérapies cognitivo-comportementales nous parlerons des colonnes de Beck.
situation (ce sont des faits) I Ce que je pense I Emotions I Actions I Chemin de vie I
Pour l’illustrer prenons une situation :
Vous êtes dans une maison à la campagne le soir. Il fait nuit, il y a de l’orage qui monte au loin. Votre copine/copain est sorti(e) avec des amis. Tout à coup une porte claque.
Face à cette situation initiale une première pensée spontanée possible pourra être :
Une porte était mal fermée. Les émotions seront du style peur et surprise, mais à un niveau modéré. En action vous vous lèverez pour aller fermer éventuellement cette porte.
Une autre pensée spontanée pourra être :
Il y a quelqu’un !!! (Spécial fille en détresse) Là l’émotion sera principalement de la peur, à forte dose. Sur vos gardes, soit vous vous armerez pour vous défendre, soit vous irez vous planquer dans le placard de la chambre.
Une troisième pensée spontanée pourra être :
Ma chérie rentre !!! Là l’émotion sera plutôt de la joie, voir de l’excitation. Et dans ce cas en actions vous irez l’attendre nu sur le lit avec une rose entre les dents.
Bref, pour une même situation, des pensées et des émotions différentes qui aboutissent à des actions extrêmement opposées. L’intérêt de prendre le temps de regarder quels sont les différents chemins de l’esprit possibles, c’est de pouvoir repérer quels sont nos modes de pensé spontanés, mais aussi ensuite de pouvoir choisir entre rester sur ce mode de pensé ou tester un autre chemin. On peut appeler ça la démocratie de l’esprit.
Mais, et le golf dans tout ça ????
Pour faire le rapport avec ce sport, je vais prendre l’exemple du trou numéro 7 du golf de Saint Lazare à Limoges (comme ça vous pourrez le visualiser). C’est un par 3 de 125 mètres environ (des plots jaunes, faut pas pousser mémé dans les orties). Le départ est un peu en hauteur et le green est défendu par deux bunker, un à gauche et l’autre à droite, laissant un passage d’environ 3 mètres de large devant le green.
Ce sont les faits, la situation de départ.
Un premier regard peut être de se focaliser sur les deux bunkers. « Je n’ai pas le droit à l’erreur, si je fais une erreur d’alignement j’irai dans le sable ». C’est notre verre à moitié vide. L’émotion qui risque de s’en dégager va être une certaine peur (appréhension), une pression à vouloir voler jusqu’au green alors que mon niveau golfique ne me garantit pas ce résultat à cette distance. En action je vais certainement swinguer avec une plus grande tension, choisir un fer plus long. Bref, j’augmente mes chances de faire une cacahuète incontrôlée.
Un deuxième regard peut-être de se centrer sur le chemin entre les deux bunkers. « Le mec qui a tracé le parcours est bien nul, il m’a laissé une ouverture. En plus à mon niveau, j’ai le droit de le faire au bogey ». C’est notre verre à moitié plein. En terme d’émotion je serai plus serein. Je vais choisir le club qui me permet d’associer au mieux une précision pour rester dans ce chemin et une distance pour que si je n’atteins pas le green, je puisse faire un chip assez facile. C’est ce que j’ai fait hier et ça a très bien fonctionné (premier coup qui reste dans le chemin en s’arrêtant à 1 mètre du green et birdie car j’ai rentré mon chip). J'ai pris le temps de réfléchir à la situation et de changer mon regard sur elle.
En ayant pris le temps de réfléchir (ça prend 30 secondes à tout casser) aux différentes manières d’envisager la situation, de repérer si spontanément je suis en « verre à moitié vide » ou en « verre à moitié plein », je me suis permis de changer éventuellement mon regard sur l’action à proposer et de pouvoir essayer de la mobiliser en évacuant au maximum les peurs qui pouvaient me paralyser.
Lorsque vous serez sur le parcours, essayez de repérer ces émotions et ces pensées, surtout lorsqu’elles sont négatives et essayez ensuite « d’ajuster » votre regard et ces pensées.