Bonjour à tous et merci à ceux qui ont défendu mon métier avec autant de conviction. Je suis flatté.
Loin de moi l'idée de prêcher pour ma paroisse, mais j'aimerai éclairer deux points qui paraissent peu connus:
1) Alignement d'un shaft
Lorsque l'on veut faire une belle installation de shaft dans une tête, il faut toujours être conscient que tout shaft est produit d'une façon irrégulière: les shafts aciers sont soumis à des contraintes de fabrication qui les rendent tordus, les shafts graphites sont assemblés à la main avec plus ou moins de contrôle qualité, la course à la légèreté incite les marques à créer des shafts avec de moins en moins de matière...
En phase d'assemblage, tout clubmaker "formé" et rigoureux, a la possibilité de minimiser cette irrégularité de production en trouvant la meilleur position du shaft dans la tête. Une fois trouvée, le shaft n'aura pas forcément les écritures vers le haut ou caché derrière, mais peut-être sur le coté droit ou gauche...
L'idée de l'alignement est simple: le shaft est irrégulier, la tête a une forme biscornue et non symétrique. L'association des deux permet de faire un club presque parfait.
Les techniques d'alignement ne sont pas nombreuses et les gestes fait par les clubmakers du monde entier est bien souvent le même. On bloque le butt du shaft dans un étau, on fixe la tête à sec, on tire le club à plat, on lache et le club oscille. Si le shaft est dans la bonne position, l'oscillation devrait être à plat (FLO: flat line oscillation). Sinon, dans le meilleur des cas, il va osciller dans un plan incliné, dans le pire des cas, l'oscillation va être circulaire, elliptique, changer de sens... (je vous recommande de faire le test avec un shaft Callaway!). On doit faire tourner le shaft légèrement et recommancer...etc. Cela demande du temps, beaucoup de temps mais le résultat en vaut la chandelle. Un robot swingeur jouant un shaft aligné aura une capacité de centrage quasi parfaite. La zone d'impact sera très large avec un shaft fortement désaligné malgré le mouvement hyper régulier de la machine.
Il y a quelques années, une société, appelé SST a développé une machine qui permet de trouver, selon eux, la meilleur position d'installation d'un shaft dans une tête en un temps records. La machine analyse la géométrie du shaft brut et sa déformation sous contrainte. Puis le programme donne très rapidement, la position parfaite pour ce shaft. Le nom de ce process est le PURING.
En tant que clubmaker, si vous voulez pourvoir vendre cette technique à vos clients en le nommant PURING, il faut payer la patente et la machine (26000$) ou acheter des shaft bruts qui ont été, au préalable, PURED.
Pourquoi n'y a-t-il pas plus de clubmakers acrédités? Car le prix n'est pas à la hauteur des résultats.
Prenons un exemple: un clubmaker qui vend des shafts PURED sans la machine, a donc acheté des shafts bruts PURED chez un fournisseur qui a la machine. Malheureusement, de très nombreux shafts ont une orientation différente lorsqu'ils sont coupés de leur position recommandée par PURING lorsqu'ils étaient bruts! Et nous on joue des shafts coupés....Donc la position donnée par PURING n'est plus conforme. Deuxièmement, le puring se fait avec une masse accrochée au bout du shaft qui représente une tête. Cette masse de test est un cylindre d'acier. Malheureusement, suivant la forme de la tête (fer, wedge, bois de parcours, driver), l'orientaion du shaft sera différente. Donc, la position recommandée par le PURING serait parfaite si l'on jouait avec des têtes qui auraient une forme cylindrique et symétrique. Ce n'est pas le cas!
Que font les pros dans les caravanes SST du tour? ils amènent leur série ou leur driver. L'opérateur déshafte, place le shaft dans la machine, fait l'évaluation avec la masse symétrique, trouve une position, recolle la tête suivant cette position. Là au moins l'étude se fait sur shaft coupé mais cela restera toujours en dessous d'un alignement à l'oeil avec la tête réelle du club. Evidement, sur le tour, le temps compte énormément.
Le Puring = beaucoup de poudre au yeux technique avec un nom qui sonne bien à l'oreille.
2) le graphite en 115g
On peut se faire la réflexion qu'il est surprenant de trouver des shafts graphite de 115g (par exemple: Fujikura Rombax 115i ou M.C.C. MFS115).
Certain se disent qu'il est stupide d'acheter un shaft 180€ en graphite aussi lourd.
Il y a 3 ou 4 ans, les shafts utilisés par les joueurs du Tour (rigidité élevée) étaient des aciers lourds (typiquement TT Dynamic Gold S300 ou X100, RIFLe 7.0). Et si le shaft R est anoncé à 120g, le X frôle souvent le 135g. Certains joueurs recherchant cette rigidité dans des shafts moins lourds se sont donc tournés vers le graphite Pro. Car dans cette catégorie de rigidité, la différence de masse entre un R et un X est beaucoup moins marquée. KJ Choï a longtemps joué le shaft graphite MCC MFS115 X qui ne pesait "que" 118g.
A l'heure actuelle, les fabricants de shaft acier maîtrisent de nouveaux alliages qui permettent de créer des rigidités élevées dans la gamme des 110g. Alors pourquoi continuer dans la voie du graphite (exemple du nouveau Fujikura 115i)? Simplement parce que le graphite permet une absorption plus élevé des vibrations et surtout devient encore plus hyperperformant que l'acier sous contrainte: Canonica a fait créer une série en graphite 115i X pour ses entraînements et ce n'est pas une fillette!
Enfin pour soigner mon EGO démesurer ou pour simplement être précis avec ceux qui croit que je suis un dilétante:
J'ai 3 certifications internationalles obtenues après 3 mois d'examen chacune: PCS CLASS A Clubmaker, Clubfitter et ClubRepairer (nous ne sommes que 30 dans le monde à avoir les 3). Je suis l'un des trois Européens à avoir le Certification RIFLE-Project X.
Mes séries sont faite en FM( frequency matching), MOI matching et orientation de shaft. Cet qualité d'assemblage est incluse dans toutes série que j'assemble. Alors je crois que cela explique pourquoi je suis un peu plus cher que toute série fabriquée en Asie.
Je suis fier de mon métier

et désolé si je suis si loin de vous!