Championnat du club, 2ième journée [suite]
On rentre dans le dur (non, pas là, ça fait mal)
Trou numéro 10 :
Je me sens léger, je me sens voler, je ne me sens plus pisser, rien ne peut m'arriver. On a le vent de face, pas grave, mon driver est infaillible. Je le cut, voire le slice, pas grave. Ca finit à côté d'un bunker de droite, très court, on va gérer. Sauf que non, toquard ! Le coup suivant, on en parle pas mal avec mon caddie, et j'opte pour un F6 sans forcer, pour rester sous le vent, plein FW, et avoir une attaque de green faisable. Sauf que, pour une raison complètement incompréhensible, je fais un énorme pull qui se met dans la grande butte de gauche, au milieu des chachis. Avec un stance atroce, je tente de me recentrer au F9, mais je la tope pour faire qu'une quinzaine de mètres et m'enfoncer encore plus dedans. Le coup suivant, à la limite de la socket, va trouver le bunker de droite, celui qui se trouve à environ 90m du green, soit la pire distance pour un coup de bunker. Je vais taper mon cinquième coup, pale choix, faut planter le mât. Je tape un PW clean de chez clean, avec le vent de face, la seule option. Ca part pas trop mal, mais ça reste un peu court pour ce mât tout au fond (c'était quand même voulu, car derrière, y'a un HL). Mon premier putt est correct, mais ça ne suffit pas. Ce sera donc un
Double Bogey, synonyme de croix. Snifff ...
J'avoue en plus que dans ma tête, j'ai été très anti-sportif : le jeune de mon flight, plus probable poursuivant que j'avais, s'était mis en position confortable de birdie, mais, avec son putting très fragile, réalise mes vœux en faisant 3 putts pour ne rentrer qu'un bogey.
Trou numéro 11 :
Très très long par 3 (184m mesurée pour le mât), mais avec le vent de dos, ça va. Mes deux adversaires se mettent dans le bac à droite avec des bois ou hybrides. Pour ma part, je me dis qu'avec un long fer bien contacté, ça pourrait rester court à gauche et de là, me laisser soit un chip, soit un long putt, mais ça sera toujours mieux qu'un coup depuis le bunker, ce que je déteste. Je tape, ça part bien, et pour une fois, il n'y a pas mon cut légendaire ... mouarf. Pis ça tombe à peu près où j'imaginais, soit court et à gauche, sauf que ça prend une des pentes, et ça kicke dans ... le deuxième bunker de gauche. Bon ben, pas le choix, on va à la plage. Par miracle, j'applique les conseils de notre directrice (ancienne joueuse pro) pour les coups de sable, et ça sort nickel. J'ai un putt largement faisable de 2.5m pour le par. Allez, on se remet dans le bon sens ! Ca frôle, virgule même, et ça repart quelques 60cm derrière. Bon, tant pis, un bogey, c'est pas si mal. Je me précipite, et ... je rate. Décomposition morale instantanée ! Je viens de faire un horrible
Double bogey, alors que le par était encore faisable 3 min avant. Merde !
Trou numéro 12 :
On a le vent contre ici, donc faudrait voir à pas faire le con. Ben si, c'est exactement ce que je fais. Gros slice qui se met sous des arbres, à droite, dans une butte qui me met aussi un stance compliqué. Je fais un coup punché de débutant pour recentrer et ensuite, il n'y a plus que 130m, mais toujours vent de face. Etant donné que le danger est derrière, je m'emballe pas, et tente un coup simple de F7 pour me mettre entrée de green ou même devant. Ben ça sera plutôt devant, vu le vent. Et mon chip, bien plus mauvais que les précédents, me laisse très court du mât. Alors que j'avais l'intention de l'appuyer pour potentiellement le boiter. Comme quoi ... Deux putts plus tard, on est à nouveau sur un
Double bogey qui ne rapporte rien !
Trou numéro 13 :
Un monstre de par 4, surtout avec la bise comme ce jour. Mes deux adversaires s'enjaillent à balancer des drives sur la gauche, là où il y a du HL et des hautes herbes bien embêtantes. Compensation ou juste faute technique, je fais l'inverse, je balance encore tout à droite, vers la waste area sablée. Le coup suivant part très haut, en cut, derrière un bosquet. Ca me vexe, je mets donc une provisoire de dépit et pour retrouver des sensations : je la gratte, et elle se fout juste derrière une plante qui empêchera tout coup. Bon, on va retrouver la première balle, hein ? Hé bah non. Malgré mon caddie, et parce que l'on avait pas pris de point de repère, on ne la retrouvera jamais.
Croix
Cela fait 4 trous que je ne vois plus la lumière du jour, et plus, même, que je vois un voile rouge de colère devant mes yeux, que je ne suis lucide sur rien, et que je me vois déjà devoir boire ma honte d'avoir tout saccagé tout seul comme un grand. Je boue littéralement. Comment m'en sortir ? Mon caddie fait son possible (hormis me frapper) pour me recentrer, mais rien n'y fait.
A ce moment, et vu le carnage, on se dit qu'il faut un finish ultra solide de 9 ou 10 coups pour pas laisser filer la victoire. Ca veut dire que des Pars, ou que des Pars et un Bogey. Est-on lucide à ce moment-là, de poser cette exigence, alors que mon jeu est parti comme un cerf-volant sans ficelle dans le vent ? Pas vraiment. Mais a-t-on le choix ?
Trou numéro 14 :
Le trou est jamais évident, mais à plus forte raison avec le vent toujours plus fort, il est même compliqué. La tension est palpable pour tous, y compris entre mon caddie qui tente de me recentrer, et moi qui suis en mode un peu con, borné, et défaitiste. Je lui demande mon driver, et il se met avec moi sur la tee box pour me demander le projet. Il a raison, c'est pas la canne. Mais, même si je peux paraître déraisonnable en apparence, y'a quand même une logique, que je lui exprime à voix haute : je veux me redonner confiance avec le drive pour les trous suivants, et comme je suis pas très long, je ne pense pas me mettre à l'extérieur de ce dogleg prononcé, mais aussi, qu'avec le slice que je me traîne depuis quelques trous, avec la bise qui souffle fort de droite à gauche, c'est le meilleur endroit pour expérimenter. Il s'incline devant mes raisons, mais je l'imagine dubitatif, et je l'aurais été à sa place. Au final, je fais effectivement un mini slice qui me met fond de FW, plutôt à droite (donc ça rallonge), mais safe. On avait donc sûrement un peu raison les deux

S'en suit un coup de 115m environ et une grosse interrogation sur la canne à jouer. On opte pour un AW, qui ne laisse que peu de marge à l'erreur. Je le tape horriblement mal, en faisant vraiment une blade non maîtrisée (malgré 5 ou 6 coups d'essai, alors que d'habitude j'en fais 2 maximum, mais je n'arrive vraiment plus à retrouver des sensations). Heureusement, coup de bol, ça fait la distance, même un peu plus, et ça zippe bien pour s'arrêter pas trop loin. On a donc un putt pour birdie, même si raisonnablement, 2 putts seront déjà très bien. Le premier putt est pas si mal, et j'ai encore un 2-footer pour finir. Que je banane comme au 11. Trois putains de putts pour continuer à bien me poignarder le bide.
Bogey pour un maigrelet point Stableford. C'est peu, mais c'est déjà infiniment mieux que les 4 derniers trous. Foutu sport !
Petite éclaircie
Trou numéro 15 :
Ce par 5 nous pose souvent problème de par sa longueur et son finish qui monte progressivement et relativement beaucoup. Avec la bise qui nous pousse au cul, ça devrait être mieux. Mon drive n'est pas mirobolant, mais ça fait le taff, et surtout, ça reste sur la piste. Mon deuxième coup, à l'hybride, qui n'avait aucune raison d'être raté, l'est un peu. Je passe sous la balle, donc la chandellise un peu, et ça n'avance que trop peu. Pour l'attaque de green, j'ai un 145m en montée, avec fort vent arrière. Je m'arrête sur un F7, ce qui est un peu présomptueux, puisque mon dernier fer moyen/long bien tapé date soit du trou 12 si on est indulgent, sinon du trou 8. Ca fait le job, de manière très médiocre, mais par contre le manque de lucidité me fait faire une bêtise ! J'ai oublié de checker avec mon caddie la position de drapeau de ce green qui est en aveugle depuis ma position. Et donc, je l'avais pris en ligne de mire, alors qu'il était calé à gauche ... et avec mon léger pull, je me suis mis non sur le green, mais dans le rough juste à côté. Damned. Ca va faire un chip très court, du côté du mât, en haut de ce green tout en descente. Pas vraiment la bonne idée, Heureusement, mon chipping retrouve des couleurs, et me laisse juste à côté du mât, pour un nouveau 2-footer. Je vous jure, pendant toute la préparation, à l'adresse, et pendant même l'exécution du geste, je n'ai fait que penser à mes ratés précédents à cette distance. Soit, la pire des choses à faire. Mais ça rentre. Ouf ! Ca fait le
Par
Trou numéro 16 :
Tout petit par 4, avec vent fort de face. On réfléchit un peu, mais je m'arrête encore sur le choix d'un driver, d'une part pour laisser un deuxième coup le plus short possible (le vent de face rendant peu probable que j'aille me mettre dans le bunker de milieu de FW), mais aussi pour continuer à retrouver des sensations avec ce club dont j'aurai besoin au 18 (un par 5). Ca part mezzo, et ça prend encore du cut/slice pour se loger en bas de la pente de droite, pas si mal. J'ai plus le yardage en tête pour le mât, mais je me souviens que mon coup finit tout au fond du green, presque dans l'axe du trou. Mon premier putt reste un tout petit short du trou, mais comme ça descendait, je voulais pas tenter le diable. Le deuxième putt est tout simple. Y'a pas de raison. Ben si, ducon, y'en a plein. Je refais ces horreurs de petits mouvements parasites pour rater encore un putt ultra simple. Ca fera
Bogey, et le contrat de faire 9 ou 10 point sur les 5 derniers semble dérisoire maintenant.
Trou numéro 17 :
Je déteste ce trou. Cordialement. Je fais toujours des bêtises ici. Mais bon, faut s'appliquer, et faut que quelque chose se passe de toute manière.
J'y vais avec un PW pour 117m, vent avec, ce qui me semblait le plus raisonnable. Mon coup est totalement désengagé, et sur le moment, j'ai cru rester très court. Au final, non, ça allait, c'était court de 5m environ, mais ça reste un coup avec la chaussette laissée sur le club. Je me prends à rêver d'un birdie pour recoller au projet des 5 derniers trous, mais mon premier putt passe juste à côté, sans tomber. Ca me permet tout de même un
Par solide qui met du baume au cœur.
Y'a tout de même une chose qui me taraude, c'est le petit jeune qui geignarde beaucoup en s'auto-flagellant, soutenant qu'il s'était lui-même sabordé ... alors oui, il puttait hyper mal et aurait pu prétendre à bien mieux avec ce secteur de jeu plus solide, mais là où j'étais en désaccord, c'est qu'il me semblait pas si mal pour bien figurer à la fin. Certes, son aller était moins bon que le mien, mais il n'avait quasiment aucune croix sur sa carte, toujours en allant grapiller au moins un point par trou. Donc je me méfiais d'un résultat comptable qui pouvait venir me chipper mon lead.
Trou numéro 18 :
L'heure de vérité ! Long par 5, dans le sens du vent, qui peut se transformer en long par 4 pour les longs frappeurs. Alors que je suis à l'adresse, et comme j'avais fait récemment pour mon pote qui me caddeyait quand il avait été dans le dur quelques jours auparavent, j'ai repensé à tous les fondamentaux pour savoir ce qui déconnait sur mon drive. Et là, petite illumination : je mettais mon poids à l'adresse quasi au milieu, voire au pied gauche. Donc je me force à mettre mon poids au pied droit à l'adresse, et à bien transférer. Bim, ça cut encore, comme depuis pas mal de temps, mais moins, et surtout, y'a vraiment de la distance. Pour preuve, le petit jeune m'avait overdrivé presque systématiquement sur les deux jours, et là, je lui mets 10 ou 15m. A ce moment, on a une discussion que l'on aurait peut-être pas dû avoir, mais je n'y tenais plus, alors j'ai craqué : je me suis rapproché du jeune, et je lui ai dit qu'il n'était pas si loin que ça de moi au niveau du score, et qu'il fallait qu'il ait une attitude plus positive sur son jeu. Est-ce que ça a eu une influence ? j'en sais rien. Toujours est-il qu'il tente un coup très complexe au bois 5, je crois, pour aller au green, à 210m de là (avec le vent et de la descente). Il ne réussit qu'à se mettre dans la pampa, assez mal, très à gauche. Evidemment, je serais hypocrite de dire que je n'en ai pas été soulagé. De mon côté, la même question se pose : tenter le green et faire de l'esbrouffe pour la galerie, ou jouer sage. Mon caddie me force un peu la main en parlant d'un coup safe, puisque mon adversaire direct le plus probable s'est mis mal. Je suis assez d'accord, et vais pour un coup de F6 le plus secure possible. Que je tope

Mais genre méchamment ... un coup de croquet, pas de golf. Sauf que ça descend la colline et que ça me met pas si mal. Comme quoi, la chance sourit aux innocents.
On réalise après coup, tout comme lui d'ailleurs, que le jeune n'est pas si mal, puisque sa balle à gauche à trouver juste un passage coupé ras pour le passage des machines des greekeepers au milieu de hautes herbes touffues. Il a donc un shot pour le green ! Qu'il prend un malin plaisir à faire bien trop court et à aller loger dans un des bunkers ^^ Ouf ! Sauf qu'avant ça, j'avais mon troisième coup à jouer moi ... J'avais, de mémoire, un truc comme 95m pour le mât. On discute âprement avec le caddie sur le choix de club, mais aussi sur le point de chute du coup. Le club, on est relativement d'accord pour y aller avec l'AW (distance théorique entre 85 et 90m), en comptant sur le vent pour combler la distance manquante. Mais sur le point de chute, mon caddie insiste pour me faire jouer à gauche, pour mettre en jeu le moins de bunker possible ... Là dessus, j'étais moins d'accord, parce qu'il y en avait aussi dans cette zone, et qu'au final, pourquoi chercher à s'emmerder avec un coup précis pour éviter les obstacles loin du mât, plutôt qu'un coup précis au mât ? Je m'aligne donc plutôt mât, et le miracle se met en marche. Le coup est tip top, un peu court malgré tout, mais ça prend la fringe ou le rough entre le bunker et le green, et contrairement à mes attentes vue la hauteur du coup, roule un peu pour aller se mettre pin high, juste un peu à droite. J'aurais donc un coup pour même un birdie ! Comme quoi !
Donc, entre deux, mon adversaire s'est mis dans le bunker que j'ai justement passé. Sa sortie est pas mauvaise, mais pas bonne non plus, car il ressort juste derrière le green. De là, il fera approche et deux putts pour un méchant double bogey.
Pour ma part, j'avais très envie de faire un birdie pour conjurer tous les mauvais coups de ce retour, et surtout, valider ma victoire, sachant qu'à ce stade, je n'ai aucune idée si un des poursuivants qui jouait devant n'avait pas fait la partie de sa vie et n'avais rattrapé les 3 ou 4 points de la veille ! Ou plus prosaïquement, qui aurait fait le même score que moi la veille, et que ce jour, je faisais un de moins que lui la veille. Donc beaucoup d'application sur le putt, et vraiment, ça passe pas loin du tout. Tap-in
Par pour libérer la tension, et m'en remettre au sort pour le résultat final selon les perfs des uns et des autres.
Le contrat des 10 ou 9 points sur les 5 derniers trous est raté, mais de peu : 8 points.
Avoir un caddie, même si ça force à négocier les rapports de force et des fois discuter des coups, ça aide quand même, surtout pour des mentaux de poulpe comme moi
Epilogue
Avec ma carte à moitié sabordée, je n'ai aucune idée de mes chances de vaincre dans le pool global de joueurs. Comme nous étions le dernier flight, la décision est quand même rapidement parvenue à mes oreilles :
c'est la victoire, la win, la délivrance !
J'avoue que si j'avais voulu me rendre cardiaque, je ne m'y serai pas pris autrement. Et alors que je me prévalais d'un mental bien plus solide qu'avant, je crois que j'ai fait la démonstration, du 10 au 13, qu'il y a encore du boulot.
Niveau chiffres, ça donne donc 14 points à l'aller, 8 au retour (sur 5 trous seulement), et donc 22 points total.
Avec le cumul des 25 points de la veille, 47 points total.
Les suivants sont à 45 (22+23, le champion de l'année dernière, index 10.3) et 43 points (24+19, le jeune de mon flight les deux jours, index 10.8 ).
Par contre, plus même que le titre, ce qui m'a fait le plus chaud au cœur, ce sont les félicitations très sincères que j'ai reçues de la part de beaucoup de membres. Et tous de me charrier sur le fait que l'année prochaine, c'est en première série qu'il faudra concourir ... bien sûr, ça serait plus intéressant, et je pense que c'est ce que je ferai de toute manière.
Sauf que c'est pas du tout la même confiture. Déjà, le parcours est bien plus punitif des blancs. Et puis là, on parle en strokeplay, évidemment, et avec un panel de joueurs entre 0 et 5 d'index assez solide (même si très peu nombreux). Cette année, d'ailleurs, la victoire s'est faite en +14 (+6 le premier jours, +8 le deuxième jour), ce qui, pour des joueurs pas si loin du scratch, dit quelque chose de la difficulté des conditions de jeu. D'habitude, c'est plutôt aux alentours de +5 cumulé sur deux jours que ça se gagne.
Dans le même ordre de comparatif que cela, j'ai le souvenir que le champion de deuxième série de l'année passée (mon dauphin cette année), avait triomphé avec deux cartes de 27 et 28 points stableford brut. Soit un cumul de 8 points de mieux que ce que je fais là.
En tout cas, je suis ravi, mais vanné. Et j'ai eu la bonne surprise d'être rappelé aussi pour le match de Mid-Am B de la semaine prochaine, le responsable de l'équipe considérant qu'il me préférait à un autre pour suppléer un absent, du fait de ma régularité (de présence dans l'équipe, et un peu de résultat)

Donc encore quelques matchs d'équipe à venir avec ce match là (foursome le matin et single l'après-midi), et en Juillet, Crans-Montana avec l'équipe de Coupe Helvétique, pour là aussi une suppléance d'un absent.