JLP a écrit :
Quoiqu'il en soit, c'est tellement hallucinant... Comment en naissant homme et en subissant une opération qui (à ma connaissance) ne vous enlèvera pas vos muscles et votre niveau d'hormone peut on oser s'inscrire à une compétition dans la catégorie femme...
En fait les traitements mis en place et poursuivis au long cours chez les transexuels entrainent beaucoup de modifications, bien plus que ne le font les quelques interventions reconstructrices qui ne sont qu'une partie mineure du processus.
Le transexualisme ne peut se résumer à une volonté de modifier son apparence physique externe, ou à désir d'organes sexuels autres. La principale demande des patients est d'avoir un corps dont les réactions plus que l'aspect sont en accord avec leur sentiment profond d'appartenance à un genre sexuel.
L'expérience montre que la demande la plus constante, bien plus que les interventions chirurgicales qui émoustillent les médias, c'est le changement hormonal. Pour le passage homme-femme le traitement est bien codifié et très efficace. En associant des inhibiteurs de sécrétion d'hormones mâles (testostérone et dérivés) et des substituts hormonaux femelles (œstrogènes et progestérone), les patients voient leur constitution se modifier profondément:
régression ou disparition des pilosités accessoires (barbe, moustache, etc...)
atrophie musculaire sévère
modification de la répartition des zones de graisses
modification des circuits de réaction aux stress
sur le plan comportemental les modifications sont également profondes:
diminution importante des réactions d'agressivité face aux contraintes
diminution des volontés de domination dans un groupe (en corollaire, diminution de la compétitivité sportive)
augmentation des réaction de protection pour soi et son entourage.
ces modifications induites par les traitements hormonaux sont si profondes que l'étape chirurgicale n'est désirée que dans 60 à 70% des cas, bien qu'elle soit obligatoire pour que la personne puisse changer administrativement son identité.
Ce qui me surprend le plus dans cette histoire, c'est que cette personne, une fois son processus achevé, se lance dans une activité ultra compétitive très inhabituelle chez les transexuelles.
Là où des questions se posent, c'est comment cette compétitrice se situe dans le dilemme de son traitement hormonal qui lui garantit son appartenance au genre féminin mais qui lui dégrade ses capacités de performance physique. La tentation, si l'enjeu est fort, pourrait être de jouer sur son traitement. Dans ce cas là, sa participation à des épreuves devient plus complexe. Elle se trouve dans une situation "d'anti-doppage", une situation où ne plus vouloir altérer sa nature originelle lui donne un avantage indu, où ses co-compétitrices peuvent mettre en doute son traitement (comment définir les volumes de ses traitements hormonaux, et en fonction de quels critères ?)