
J'aurais envisagé de poster dans la rubrique joueurs pro, mais elle n'existe pas non plus...
Alors je me contente de celle-ci.
Les filles vous connaissez la marque NUNI. Connaissez-vous également le parcours de sa créatrice ? Voici un article dont je souhaite vous faire part.
Le parcours sans faute de Sandrine de Mendiburu [11/07/08 - Les Echos Série Limitée N° 065]
Trois petites balles rondes... C'est le logo de Nuni, la marque de golfwear créée en 2003 par Sandrine Mendiburu, ancienne championne de golf et ambassadrice du tournoi féminin Evian Masters. En cinq ans, sa griffe est parvenue à " faire son trou ".

Sandrine Mendiburu. © Photo Mathieu Garçon
"Je suis née sur le golf de Chantaco, à côté de Saint-Jean-de-Luz ", raconte Sandrine Mendiburu qui nous accueille dans un show-room laqué blanc rempli des vêtements colorés de sa marque Nuni. Silhouette longiligne de sportive, yeux verts et mèches de cheveux impatientes, elle revendique son attachement au pays Basque où elle s'échappe dès qu'elle le peut. Pour faire les marchés, les brocantes et " empiler des trucs à la maison qui énervent tout le monde ". Et surtout, ne rien faire.
Au sens propre comme au figuré, le golf de Chantaco, qui appartient à la famille Lacoste, est son point d'ancrage : c'est là que ses parents se sont rencontrés. Son père était caddie, sa mère secrétaire du golf. C'est là aussi qu'elle tape pour la première fois dans une balle et prend conscience de ce " foutu caractère " avec lequel elle devra compter toute sa vie. Elle a 3 ans et veut faire " comme les grands " et surtout comme son père, Philippe Mendiburu, professeur de golf. " Ce qui m'amusait, c'était de gagner contre les mecs. À 6 ans, je pouvais taper jusqu'à cent cinquante balles car je voulais battre le monsieur qui était à côté de moi ! " Tout un programme. Plus les motivations semblent dérisoires, plus elles vous mènent loin. Classée dès l'âge de 10 ans, Sandrine enchaîne les tournois, entre dans l'équipe de France à 14 ans, devient championne de France junior et gagne l'US Open junior ainsi que l'Orange Bowl aux États-Unis, trophées qu'aucune Européenne n'avait remportés avant elle.
" Et voilà. Tout s'est enchaîné très vite... ", conclut Sandrine qui fait défiler sa vie comme elle l'a vécue : sans s'attarder, en jetant un coup d'oeil rapide par-dessus l'épaule, pour évaluer la distance parcourue et viser juste. Pour un peu, elle s'étonnerait presque que vous vous intéressiez à son histoire, cherchiez une faille, un doute, une hésitation dans ce qui n'a été qu'une suite d'évidences d'un tournoi à l'autre. " Je ne me suis jamais posé de questions. Ce que j'aimais, c'était la compétition. Aujourd'hui, les gamins se lancent dans le sport pour devenir célèbre et gagner de l'argent. Je n'étais pas du tout dans ce schéma-là. J'avais besoin de me prouver quelque chose. Le dimanche, lorsque j'avais gagné un trophée, j'étais fière. " " Parler de soi " est une langue que les sportifs de haut niveau pratiquent avec une certaine méfiance. Peut-être parce qu'ils connaissent leurs fragilités mieux que personne. Même en tenue de ville, long pull en maille gris clair, espadrilles compensées - " j'en ai une trentaine de paires ", lâche-t-elle comme vaguement coupable -, Sandrine Mendiburu reste concentrée, énergique, efficace. Elle a fait ses classes debout, sur un terrain de golf, un club à la main. Les émotions, les souvenirs et leur cortège de doutes et d'inquiétudes, elle les regarde passer de loin. Une discipline indispensable dans un domaine où la moindre contrariété peut faire basculer le jeu : " Tout est dans la tête. Un jour, tu te lèves et tu n'arrives plus à jouer. Après, c'est un engrenage. Tu te fais aider par un psy. Même après des victoires, rien n'est jamais acquis. "
Il y aurait pourtant beaucoup à dire sur les sacrifices consentis tout au long de son adolescence. Les vacances scolaires, les week-ends aspirés par les heures d'entraînement avec son père, les tournois et les trajets en voiture avec sa mère qui l'accompagne partout. C'est avec sa valise qu'elle vient chercher les résultats de son bac. Sans prendre le temps de le fêter, elle part participer aux championnats de golf par équipes. Une année de tournois plus tard, elle passe professionnelle, à 19 ans. Les sponsors affluent, attirés par ses succès : Lacoste, Ford, Samsung, avec lesquels elle entretient un lien de fidélité pendant toute sa carrière. L'esprit libre de toutes préoccupations financières, elle devient numéro 1 française en 1999.
Un seul trophée manque à son palmarès de championne : les amies les plus fidèles, celles que l'on rencontre entre 15 et 25 ans et qui donnent à la vie un air de promenade. " Tu n'as pas le même sentiment avec un ami récent qu'avec quelqu'un qui connaît toute ton histoire. C'est souvent le problème des sportifs, ils sont complètement coupés du monde. On est la tête dans le guidon et on ne s'en rend pas compte ", confie-t-elle, un peu nostalgique mais fière de ce qu'elle a accompli. " Tous les sportifs de haut niveau sont égoïstes. Sinon cela ne marche pas. "
Qu'importe si ces regrets ne lui ressemblent pas. Personne n'est celui qu'il prétend être. Car Sandrine Mendiburu n'a pas beaucoup de dispositions pour les promenades, ce temps " hors compétition " de l'amitié. Sa solitude ou sa différence, elle la revendique comme une force, une sorte d'alliée invisible qui l'a accompagnée toute sa vie. " J'avais un avantage... ", dit-elle d'un air mystérieux comme si elle allait nous révéler le secret du birdy, la formule magique qui permet de réussir les meilleurs swings de la terre. " Jusqu'à 17 ans, j'étais grosse et très vilaine. À quinze, je pesais soixante-dix kilos ! avoue-t-elle en éclatant de rire. En un an, j'ai perdu sept kilos. Cela a été une transformation. Mais avant cela, j'avais besoin d'avoir une revanche, il fallait que j'existe à travers autre chose. Je ne me faisais pas draguer comme les pin-up, par contre j'avais ma photo dans le journal et je passais à la télévision... Psycho à deux balles ", lâche-t-elle un peu étonnée d'avoir cédé si facilement à ce jeu du miroir.
Métamorphosée et sûre d'elle-même, Sandrine promène ses jambes de sylphide sur le green, remporte quatre titres : en Irlande, au Portugal, en Allemagne, en Malaisie... et s'amuse. Elle dîne chez le roi de Malaisie, rencontre le joueur de football David Ginola, mais, surtout, elle raccourcit ses shorts ! Mieux, elle découpe les manches de ses polos, provoquant la colère de la marque qui l'habille et de la directrice du tournoi qui la menace d'une amende. À l'époque, le règlement du golf avait des allures de prescription monacale avec interdiction des polos sans manche. " C'était la préhistoire ! " Sa passion des fringues déborde sur le terrain de golf : " J'ai toujours adoré la mode et j'étais sûrement la meilleure sur le circuit en shopping. Mes dépenses étaient à la hauteur de mes gains. "
C'est au cours d'un ProAm que Sandrine Mendiburu rencontre l'homme de sa vie. Elle a 29 ans et des trophées plein la tête. Comme par hasard, elle prend alors de moins en moins de plaisir à s'entraîner, à voyager trente semaines par an : " J'avais l'impression de faire du surplace, de vivre en vase clos. J'avais besoin d'un nouveau défi. " Enceinte, elle pense à un autre avenir. Sa passion pour la mode s'impose comme une évidence. Elle aime chercher, fouiller, couper, raccourcir, rétrécir, teindre. Avec des gens du métier, elle décide de créer une marque, Nuni, pour bousculer les codes et rajeunir le style. Des vêtements qui peuvent aussi être détournés pour un week-end. Nuni reprend les initiales de la formule anglaise connue de tous les golfeurs : " Never up, never in ", si la balle ne dépasse pas le trou, elle n'a aucune chance d'y arriver. Un slogan qui ressemble à la jeune femme.
Sus aux bermudas, au piqué de coton et au look de golfeur en pantalon écossais ! Place aux petits polos cintrés, à la jupette et, surtout, à la robe... La suite était prévisible : cent trente boutiques de golf s'arrachent les modèles de la première collection. Aujourd'hui, Nuni a ouvert sept boutiques, dont cinq en propre : Paris, Cannes, La Rochelle, Lille, Le Touquet, Saint-Jean-de-Luz, Rennes. Ses vêtements sont distribués dans quatre cents points de vente dans le monde. Deux boutiques Nuni ont même été ouvertes au Japon, pays du golf où l'on compte quinze millions de joueurs pour cent vingt millions d'habitants !
Sandrine Mendiburu ne voit pas d'un mauvais oeil la concurrence et l'arrivée sur le marché du golfwear de vêtements dessinés par des créateurs comme Stella Mac Cartney : " Au contraire, cela donne une légitimité à notre démarche. " Reconvertie en femme d'affaires, elle est la même que sur un circuit et se décrit comme une stakhanoviste du travail qui voit des ronds partout : " Je pense tout le temps à Nuni ! Si je repère un truc dans un magazine, j'arrache la page. Si j'aperçois une belle vitrine dans une boutique, je prends une photo ", poursuit-elle en emballant des vêtements. " Je retrouve ici tout ce que la compétition ne me donnait plus. Ouvrir des boutiques, conquérir des nouveaux marchés, croiser quelqu'un dans la rue qui porte vos vêtements, c'est une sensation géniale. C'est autre chose qu'une victoire, mais on en est aussi fier. " Rester la même en changeant de vie, c'est tout l'art d'une reconversion réussie.
SES RESTAURANTS PRÉFÉRÉS
Café Marly, 93, rue de Rivoli, 75001 Paris. " Je suis fan des restaurants de la chaîne Costes. J'ai une préférence pour le Marly, face à la pyramide du Louvre. Pour moi, cela représente vraiment Paris. "
Orient Extrême, 4, rue Bernard-Palissy, 75006 Paris. " J'adore leurs sushis, makis et sashimis. "
La ferme Ostalapia, 2621, chemin d'Ostalapia, 64210 Ahetze, petit village du pays Basque. " C'est convivial, agréable et bon. " Plats préférés : " Les calamars, tous les poissons à la plancha et le gâteau à la mamia, un lait de brebis caillé. Je ne bois de la sangria que là-bas. On ne peut pas passer un week-end au pays Basque sans aller une fois au moins y déjeuner ou dîner. "
AMELIE DE BOURBON