Dans le monde du golf, il existe des clés d’apprentissage qui, bien qu’étonnamment simples, ont un impact majeur sur la performance. L’une d’elles repose sur un concept souvent sous-estimé : le focus externe. Ce terme désigne le fait de diriger son attention vers l’effet de son mouvement sur un objet extérieur, plutôt que sur les sensations internes du corps. De nombreuses études en sciences du sport ont démontré que ce type de focus améliorait la coordination, la précision, et la fluidité des gestes, notamment dans des sports complexes comme le golf.

Le focus externe

Un focus externe bien choisi aide à orienter l’intention du joueur, à créer une image mentale claire du mouvement attendu, et à réduire les tensions inutiles. Il permet de sortir du contrôle conscient du geste pour se rapprocher d’une action plus naturelle et automatique. C’est dans cette logique qu’intervient une astuce précieuse pour améliorer vos coups de driver : imaginez que vous voulez envoyer le tee vers la cible après avoir frappé la balle.

Cette image — frapper le tee vers l’avant, ou “flick the tee in that direction” comme on l’entend parfois — peut sembler étrange à première vue. En effet, dans la réalité, la balle repose sur le tee, et ce dernier reste souvent planté dans le sol après le coup, ou tombe juste à côté. Pourtant, si l’on s’imprègne de cette intention, quelque chose de très intéressant se produit dans notre coordination.

Lorsque vous visez à propulser le sommet du tee vers la cible, vous orientez naturellement votre angle d’attaque vers le haut. C’est-à-dire que votre club arrivera légèrement en remontant au moment de l’impact. Or, ce type de contact est exactement ce que recherchent la plupart des bons joueurs avec leur driver, car il maximise la distance parcourue par la balle.

Pourquoi frapper en remontant est-il si efficace ?

Parce qu’un angle d’attaque positif diminue le spin arrière (backspin) de la balle. Une balle qui tourne moins sur elle-même en arrière monte moins haut, vole plus longtemps, et roule davantage après son rebond.

Résultat : une distance totale plus importante. Cette approche est devenue une norme dans le golf moderne, notamment avec la généralisation des technologies de mesure comme le TrackMan, qui a permis de quantifier l’impact de chaque paramètre du swing.

Mais revenons au tee. L’intention de “flicker” le tee vers l’avant est d’autant plus pertinente qu’elle agit après l’impact avec la balle. Et pourtant, c’est bien cette intention post-impact qui influence positivement la qualité du coup. Cela peut paraître paradoxal : comment quelque chose qui se passe après la frappe peut-il améliorer le coup ? La réponse réside dans la coordination globale du geste. En visant à envoyer le tee dans une certaine direction, vous donnez une continuité naturelle à votre mouvement. Vous prolongez votre arc de swing dans la bonne direction, vous évitez les décélérations ou les ruptures de rythme, et vous organisez votre mouvement autour d’un point de repère tangible et cohérent.

Dans les faits, la balle quitte déjà la face du club bien avant que le tee ne soit touché. À une vitesse de club de 100 mph (environ 160 km/h), il ne faut qu’environ 0,5 milliseconde au club pour parcourir 1 centimètre. Or, entre le moment où le club entre en contact avec la balle et celui où il atteint le sommet du tee, il peut justement y avoir 1 à 2 centimètres. Pendant ce laps de temps, la balle a déjà parcouru 2 à 5 centimètres. Cela montre bien que la frappe du tee intervient après la frappe de balle, ce qui confirme que cette image mentale est utile non pas pour la précision du contact en soi, mais pour la continuité du mouvement.

Apprendre avec le focus externe

Cet usage du focus externe est particulièrement intéressant dans le cadre de l’apprentissage. Beaucoup de golfeurs amateurs concentrent leur attention sur leurs bras, leurs poignets, leur rotation ou leur transfert de poids. Cela les conduit à surcontrôler leur geste, à se crisper, et à perdre en fluidité. À l’inverse, en se focalisant sur une cible externe claire — comme l’idée d’envoyer le tee vers l’avant — ils libèrent leur mouvement, trouvent un meilleur tempo, et surtout, obtiennent de meilleurs résultats. L’attention est alors dirigée vers le résultat du geste, et non sur les moyens mécaniques d’y parvenir. Cela encourage une forme d’autonomie dans l’apprentissage, car le joueur apprend à calibrer son mouvement en fonction d’un repère observable.

Mais tout n’est pas sans contrepartie. Frapper en remontant implique parfois un tee plus haut et une balle légèrement plus avancée dans le stance. Cette configuration, si elle est mal maîtrisée, peut conduire à des coups décentrés, ou à des trajectoires trop flottantes. Une balle avec peu de spin est aussi plus sensible aux erreurs de face à l’impact. Moins de spin arrière signifie aussi moins de stabilité en vol, donc plus de dispersion potentielle. Certains joueurs professionnels très puissants choisissent donc de frapper avec un angle d’attaque légèrement descendant pour prioriser la précision. Cela réduit leur portée maximale, mais augmente leurs chances de rester sur le fairway.

À l’inverse, dans des situations où la distance est prioritaire — comme les longs par 5 ou les trous avec vent arrière — ou chez des joueurs très agressifs comme Bryson DeChambeau, on observe l’utilisation de tees très hauts et une recherche assumée d’un angle d’attaque fortement positif. L’objectif est alors d’optimiser la portée totale, quitte à accepter une dispersion accrue. Cette stratégie trouve son expression la plus extrême dans les compétitions de long drive. Dans cette discipline, les joueurs cherchent à frapper la balle le plus loin possible, avec plusieurs essais et une seule condition : que la balle reste dans une zone définie. Le tee est très haut, l’angle d’attaque est extrêmement remontant (parfois jusqu’à +6 ou +8 degrés), et le focus externe devient central. L’intention de prolonger la trajectoire du club bien après l’impact, en direction du sommet du tee, y est omniprésente.

Conclusion

En conclusion, frapper le tee vers la cible est une image simple, puissante et efficace. Elle incarne tout ce que le focus externe peut apporter au golfeur : une intention claire, un mouvement coordonné, et un geste plus fluide. Que vous soyez débutant ou confirmé, cette astuce mérite d’être testée. Non seulement elle vous aidera à améliorer vos coups de driver, mais elle vous fera aussi découvrir une manière plus intuitive et plus libre de jouer au golf.

JULIEN SIMON
Professionnel de golf

Je donne des cours de golf à Paris, Versailles et la région Île-de-France depuis 2016 aux golfeurs de tous niveaux. Mon approche peut vous aider, que vous soyez débutant avec pour objectif de frapper vos premières balles dans les meilleures conditions ou bien 2 d’index avec pour ambition d’améliorer vos scores en Grand Prix.