Il existe dans l’enseignement du golf une habitude ancienne, celle de former une “gâchette” avec le pouce et l’index de la main droite. L’objectif : assurer une tenue efficace du grip. Mais que sait-on vraiment de cette gâchette ? Est-ce seulement un geste hérité des traditions, ou recèle-t-elle une fonction plus fine, plus profonde ? C’est cette question que nous allons explorer ici, en reliant la pratique à des notions modernes comme la proprioception.
La gâchette : une position pas si anodine
Dans de nombreux grips enseignés depuis des décennies, on recommande d’éloigner légèrement le pouce et l’index de la main droite, créant ainsi une forme évoquant une gâchette. Cette position offre un bon contrôle du club, mais reste souvent exécutée par mimétisme, sans réelle compréhension de son intérêt fonctionnel.
Et si cette fameuse gâchette était en réalité un levier pour développer une relation fine entre la main droite et la tête de club ? Un lien direct entre notre capacité à sentir et orienter le club… et notre précision au contact.
Tenir le club comme un stylo
En observant la tenue d’un stylo lorsqu’on écrit, on remarque que l’index et le pouce jouent un rôle central dans la direction et la précision du geste. Transposé au golf, ce parallèle ouvre une piste intéressante : et si le club était guidé par les mêmes zones sensibles que celles mobilisées à l’écriture ?
Cela revient à attribuer à la première phalange de l’index droit – celle la plus proche de la paume – une fonction de guidage. Cette zone du doigt, lorsqu’elle est bien en contact avec le grip, peut devenir un capteur de position et de mouvement. En activant consciemment cette surface, on ajoute de la finesse dans la gestion de la face de club.
Une question de proprioception
La proprioception désigne la capacité du corps à se situer dans l’espace, à percevoir la position et les mouvements de ses différentes parties, sans avoir besoin de les regarder. Nous utilisons tous la proprioception au quotidien, sans forcément mettre de mots dessus : pour grimper un escalier sans le regarder, attraper une tasse, se coiffer… et bien sûr, jouer au golf.
En renforçant la conscience proprioceptive de la première phalange de l’index droit, on développe une capacité très fine à situer et orienter la tête de club. On pourrait presque imaginer une corde invisible reliant cette zone du doigt à l’arrière du sweet spot de la face. En déplaçant cette partie du doigt dans l’espace, on ressent alors comment le club se déplace lui aussi. La main devient un point d’ancrage conscient entre l’intention et l’outil.
Une pratique à la croisée de l’intuition et de la science
Ce type de travail demande de l’attention. Il ne s’agit pas simplement de “faire une gâchette”, mais de prêter attention à la manière dont la base de l’index entre en contact avec le grip, à la pression exercée, à la sensation dans cette zone précise du doigt.
Sur le terrain, j’ai intégré cette approche dans ma propre pratique. Elle m’a permis de réduire significativement le nombre de balles qui démarraient trop à droite – un souci récurrent chez de nombreux joueurs. En m’entraînant à associer la proprioception de cette zone de l’index à la sortie de balle, j’ai constaté une amélioration de l’ordre de 5 à 20 % selon les jours et les conditions. Le lien entre le doigt et la face devenait plus évident, plus fiable, plus ajustable.
Un terrain d’exploration pour tous les golfeurs
Cette exploration ne s’adresse pas uniquement aux joueurs confirmés. Tous les golfeurs, quel que soit leur niveau, peuvent expérimenter cette mise en relation entre la première phalange de l’index droit et la tête de club. C’est un terrain d’apprentissage simple, concret, immédiatement accessible.
Prenez le temps de tenir votre club comme un stylo. Sentez cette zone précise du doigt, là où l’index rejoint la paume. Imitez quelques swings à vide, en vous concentrant sur le lien entre cette phalange et le sweet spot. Jouez avec cette image de la corde invisible. Puis testez sur balle. Observez ce qui change.
Ce travail ne remplacera jamais l’ensemble des fondamentaux du swing, mais il peut en devenir un soutien discret et puissant. Un repère sensoriel. Un point d’ancrage pour la justesse du mouvement.
JULIEN SIMON
Professionnel de golf
Je donne des cours de golf à Paris, Versailles et la région Île-de-France depuis 2016 aux golfeurs de tous niveaux. Mon approche peut vous aider, que vous soyez débutant avec pour objectif de frapper vos premières balles dans les meilleures conditions ou bien 2 d’index avec pour ambition d’améliorer vos scores en Grand Prix.
