Quand la peur prend le dessus, la réflexion s’efface : une leçon du cerveau pour mieux jouer au golf
Il existe un conflit silencieux au cœur même de notre cerveau : celui entre la peur et la réflexion. Ce conflit, bien documenté en neurosciences, pourrait bien être la clé pour comprendre pourquoi certains golfeurs s’effondrent au moment décisif, alors même qu’ils semblent tout à fait techniquement prêts.
Et si plutôt qu’une question de caractère ou de volonté il s’agissait aussi d’une question de biologie ?
L’amygdale contre le néocortex : deux cerveaux, deux réalités.
L’amygdale est une petite structure située au cœur du cerveau. Elle est là pour nous protéger. Elle détecte le danger, déclenche l’alerte, prépare le corps à la fuite ou à la lutte. Le problème ? Elle est archaïque.
Pour elle, le rugissement d’un tigre ou un putt décisif de 1 mètre, c’est du pareil au même. C’est une menace. Et quand l’amygdale s’active fortement, il s’agit d’agir en réflexe, pas question de réfléchir.
Pour se faire elle inhibe une autre zone du cerveau : le néocortex. Celui-là, c’est notre cerveau “pensant”. Il gère le raisonnement, la stratégie, la logique, la prise de recul. C’est lui qu’on aimerait bien garder actif sur un parcours de golf.
Dans certaines unités d’élite militaires, on teste cette interaction. On demande à des candidats de résoudre des calculs simples… pendant qu’un chien de combat, sans muselière, hurle à 30 centimètres de leur visage. Ce qui est d’une simplicité absolue en salle de classe devient impossible. Même pour des soldats avec un doctorat en mathématiques.
Pourquoi ? Parce que la peur a pris le contrôle. Parce que l’amygdale a verrouillé l’accès au néocortex. Et sans néocortex, pas de réflexion. Pas de stratégie. L’accès à la motricité fine et la perception de son corps deviennent restreints et par la même occasion les bons scores au golf aussi !
Sur un parcours de golf, pas de chien… mais presque.
Évidemment, sur un parcours, personne ne vous jette un chien agressif au visage. Et pourtant, certains départs ou certains putts ont cet effet. Un trou bordé d’obstacles de chaque côté. Un putt pour ne pas perdre le match. Une approche avec de l’eau à franchir…
Les mains deviennent moites. La respiration se raccourcit. La vision se rétrécit. Et l’intelligence disparaît. On ne sait plus quoi faire. On sent qu’on “sait” jouer ce coup, mais quelque chose nous échappe.
Ce n’est pas la technique qui nous manque. C’est l’accès à notre technique.
Technique et stress : deux leviers à équilibrer
Il ne s’agit pas de nier l’importance du niveau technique. Plus une tâche est difficile — envoyer une balle dans une petite zone précise, jouer un coup lobbé, doser un putt en descente — plus elle exige une technique fiable.
Mais même une excellente technique devient inefficace si elle est parasitée par un niveau de stress trop élevé.
Inversement, un stress bien géré permet à une technique moyenne de produire de bons résultats.
La clé n’est donc pas uniquement de monter le niveau technique. Elle est aussi, et peut-être surtout, dans la capacité à préserver un accès à ses ressources sous pression.
Et si vous pouviez gagner 80 % de lucidité en très peu de temps ?
Imaginez une personne qui n’a jamais vraiment travaillé sa gestion des émotions sur un parcours. Elle a passé des heures à peaufiner sa technique, mais jamais à s’entraîner à rester lucide sous pression. La bonne nouvelle, c’est que ce n’est pas une montagne à gravir.
Ce type de travail est souvent très rentable. En quelques séances, en changeant de regard sur certaines situations, en apprenant à respirer ou à se recentrer, on peut augmenter de façon spectaculaire sa capacité à rester présent, à réfléchir même dans les moments tendus.
C’est en ce sens qu’on peut faire un clin d’œil à la logique de Pareto : ici, l’idée n’est pas que 80 % des erreurs viennent forcément de la peur, mais que 20 % d’investissement mental ou émotionnel peut suffire à produire 80 % de progrès en lucidité. Surtout chez un joueur qui n’a encore jamais exploré cet aspect.
Sur un parcours, il est tout à fait possible de progresser rapidement sur ce point. Beaucoup plus que si vous aviez un chien prêt à mordre à côté de vous ou un revolver sur la tempe. Et pourtant, combien de joueurs négligent cet entraînement émotionnel, alors qu’il est accessible, concret, et souvent décisif ?
Conclusion : redevenir libre de penser sur un parcours
L’objectif n’est pas d’éliminer la peur. C’est impossible. Mais il est possible d’apprendre à la regarder sans qu’elle nous submerge. De la contenir. De redevenir capable de réfléchir dans l’action.
Le travail technique est essentiel. Mais il ne suffit pas. Il doit être complété par un travail sur l’attention, sur la perception, sur l’émotion.
C’est là que se joue la vraie maîtrise. Pas dans la perfection, mais dans la capacité à agir avec justesse même quand ça tremble un peu à l’intérieur.
Et si la prochaine fois que vous ratez un coup important, vous vous posiez cette question :
“Est-ce que j’ai vraiment raté techniquement… ou est-ce que j’ai perdu l’accès à ma lucidité et mes repères ?”

JULIEN SIMON
Professionnel de golf
Je donne des cours de golf à Paris, Versailles et la région Île-de-France depuis 2016 aux golfeurs de tous niveaux. Mon approche peut vous aider, que vous soyez débutant avec pour objectif de frapper vos premières balles dans les meilleures conditions ou bien 2 d’index avec pour ambition d’améliorer vos scores en Grand Prix.